Patrick Pleutin s’attache à mettre en relation sa pratique picturale avec d’autres disciplines et d’autres cultures.
Le projet de Youssef et Zoleikha en dessins animés lui a tout de suite remis en mémoire son enfance, quand il était allé voir un film fârsi, adapté d’une version traditionnelle de cette histoire.
Il en a comme souvenirs l’innocence et la beauté de Youssef, la lune de l’Égypte, et la volupté et les charmes de Zoleikha.
Cette épopée amoureuse présente Zoleikha comme une femme rêvant d’un idéal d’amant parfait, qui se met en route pour atteindre son rêve. Ainsi elle affirme son autonomie et sa volonté de prendre son destin en main. C’est une démarche d’émancipation, enveloppée de voiles spirituels.
Patrick Pleutin a traduit dans ce film de peinture animée le sens de la poésie de Djami, dans un langage simple et sobre, se concentrant sur les points essentiels du récit, notamment sur l’action des frères qui jettent l’enfant préféré du père par pure jalousie dans un puits. Ainsi il dépouille jusqu'à l’os la dramaturgie du texte par ses dessins pour renforcer les enjeux du récit sur le fratricide et le sororicide.
Héritière de la tradition poétique de Khorasan, la langue de Djami est sublime et pourtant simple et accessible pour la transmettre aux enfants d’aujourd’hui.
L’artiste a également travaillé avec de jeunes Afghans sur la question de la préservation de leur patrimoine. Il a partagé ses gestes : dessiner, peindre, calligraphier avec eux, filles et garçons mélangés, tous issus de la section Beaux-Arts de l’université de Kaboul.
Il a réalisé des interventions in situ, lors d’une exposition au musée des archives nationales de Kaboul, puis ce film d’animation.
Ce film d’animation s’inspire de sept scènes peintes conservées au musée des archives nationales de Kaboul, représentant des épisodes de l’histoire de Youssef et Zoleikha, produit par Pascale Bastide et Afghanculturemuseum.
Ce film en peinture animée est réalisé à partir des manuscrits des collections du Musée des Archives Nationale de Kaboul dont le but est de préserver et de valoriser le patrimoine et la culture afghane.
Initialement, ce film est avant tout destiné à un public d’enfants afghans pour qu’ils prennent en compte la richesse de leur patrimoine fragilisé par les années de guerres.