Le monde sauvage Le figuier de Barbarie écorche le regard. Il a des arêtes de poisson. C’est l’oursin du soleil. Il souligne le côté barbare de la beauté ; le côté insistant de ce qui ne se plie pas à la forme du regard. Le rocher grec et les figues barbares, le poulpe proche les imite. Parce qu’il sent qu’il leur ressemble. Quand on nage dans ces parages, on réveille un monde sauvage, immunitaire. Le parti pris des choses Le Cercle n’est pas dessiné, il n’est pas représenté : il est mimé. L’art du mime consiste à incorporer en silence la rumeur du monde et à se laisser approcher par sa façon de confondre en elle l’essentiel et l’accessoire, la partie et le tout. Pour le mime, tout est également important. Mimer n’est pas imiter. Les images‑mimes ne ressemblent pas à ce qu’elles empruntent aux choses qui les entourent. Elles les réverbèrent en se fondant en elles. Ce sont donc plutôt des gestes que des images. En latin, le geste « porte », au sens à la fois du port comme tenue et du soutien qui enlève un poids. Le geste de peindre porte avec lui la décision de ne pas découper le monde, pour le laisser venir comme un tout indivisible. L’humain et les éléments, les personnes et les choses, perdent leur signification propre et leurs différences. Ils ne font plus qu’acte de présence. Le Cercle des Nageurs a été peint « à la présence », dans un immense parti pris des choses. La ville, les espaces alentour viennent s’y confondre et s’y marier, en tout et pour tout. L’insouciance Les souvenirs du Cercle ont quelque chose d’insouciant. Leur magie tient au fait qu’ils sont vrais parce qu’ils ne renvoient à rien d’autre que la vie où elle est. Ils occupent le bord de l’eau, ils gardent le rocher. Ils sont
Alain Chareyre‑Méjan L’orbe du Cercle au fil des peintures pour les 100 ans du Cercle des nageurs de Marseille